Il n’est pas forcément besoin d’investir dans des produits coûteux ou des plantes exotiques pour booster son immunité. Parfois, la réponse est juste à côté de chez soi…
De nombreuses plantes sont des alliées dans ce domaine, mais je dois dire que j’ai une affection particulière pour les conifères ;). Bon d’accord, je vis en montagne, et j’ai la chance d’être entourée de ces arbres bienfaiteurs ! Mais même en dehors des zones montagneuses, il est possible d’aller à la rencontre des conifères, puisque de nombreuses espèces poussent aussi à des altitudes moins élevées.

Pourquoi les conifères ?
Les aiguilles des conifères sont riches en vitamine C, connue pour jouer un rôle majeur au niveau de l’immunité. Ces arbres sont de plus expectorants et leur résine est dotée de propriétés anti-inflammatoires et antiseptiques. Voilà de quoi en faire de sacrés alliés lorsque l’on veut booster son immunité, ou aider son organisme à guérir d’un rhume, d’une grippe ou d’un coup de froid.

Des conifères oui, mais lesquels ?
Attention, tous les conifères ne sont pas comestibles ! Certains, comme l’if (Taxus baccata) ou le genévrier sabine (Juniperus sabina) sont même hautement toxiques. Avant de cueillir, il conviendra donc d’être absolument certain-e de son identification, basée sur des critères précis (et non sur une apparence globale).
En plaine, on pourra trouver de l’épicéa (Picea abies), du douglas (Pseudotsuga menziesii), du mélèze (Larix decidua) et du pin (Pinus spp.). En zone montagneuse le douglas sera généralement absent ; en revanche on pourra cueillir du sapin (Abies alba).

Les aiguilles
Qu’on se le dise donc (voir plus haut) : les aiguilles des conifères sont riches en vitamine C ! Voilà une manière facile de faire le plein de cette précieuse vitamine : rien de plus simple au printemps, lorsque les bourgeons éclosent et révèlent les jeunes pousses. Celles-ci sont juteuses et tendres : on peut les manger telles quelles ou les incorporer à des plats salés (avec du poisson par exemple) ou des plats sucrés, comme les salades de fruits.

En dehors de cette période, on peut tout simplement cueillir une dizaine de rameaux de 10 cm environ, et les mettre à bouillir dans un liquide (eau, lait animal ou végétal) pendant 10 à 15 mn*. Le liquide obtenu peut être utilisé en cuisine pour préparer des desserts, ou se boire tel quel avec un peu de miel : non seulement il aidera à booster l’immunité, mais il aidera aussi à calmer la toux, grâce aux propriétés expectorantes de ces arbres (voir plus haut).

Ces dernières seront aussi mises à profit en cas de sinusite : on peut alors utiliser le liquide obtenu pour faire des inhalations, et fluidifier les sécrétions. Il suffit de transvaser la décoction dans un saladier, se pencher au-dessus du saladier et se recouvrir la tête d’une serviette, puis bien respirer pendant quelques minutes.
*La vitamine C a la réputation d’être détruite à la chaleur. La réalité est un peu plus subtile : en fait la vitamine C migre dans l’eau ;). Alors c’est sûr, si vous mesurez la contenance en vitamine C de votre brocoli, puis que vous le cuisez dans l’eau et qu’ensuite vous jetez l’eau, il n’y aura plus que très peu de vitamines. Mais si vous mesurez l’ensemble de ce qui se trouve dans votre casserole, les résultats sont très différents ! (Voir les résultats après tests sur le cynorhodon dans Turkish Journal of Botany, 21 (1997); 323-327).
Le sirop de jeunes pousses…
Les jeunes pousses tendres et juteuses de printemps peuvent également se prêter à la préparation d’un délicieux sirop, qui pourra rappeler le sirop d’érable auquel on aurait ajouté quelques notes résineuses…
Pour cela on alterne dans un bocal en verre des couches de jeunes pousses et des couches de sucre jusqu’au couvercle en tassant bien le tout. Placer ensuite le bocal en plein soleil et laisser macérer tout l’été jusqu’aux gelées. Rentrer dans la maison et placer dans un endroit chaud (derrière le poêle par exemple). Puis filtrer au fur et à mesure des besoins.

Non seulement ce surprenant sirop parfumera et sucrera yaourts, crêpes et fromages blancs, mais ce sera aussi un merveilleux allié en cas de toux : il suffit alors de le prendre pur, plusieurs fois par jour, en particulier avant le coucher.
Et super bonus : une fois le sirop filtré, on peut encore utiliser les jeunes pousses qui avaient été mises en macération. La manière la plus simple est de les mettre à infuser en tisanes toniques et revigorantes. On peut aussi les mettre à déshydrater (dans un déshydrateur ou dans un four entrouvert à 45°C) pendant plusieurs heures, puis les passer au robot mixeur (attention : il faut un robot puissant). On obtient alors une pâte que l’on peut manger telle quelle en petites quantités, riche également en résine (voir ses propriétés plus bas).
Les pins : la macération de pommes de pin mâles
Bon, j’avoue comme ça, ça a l’air un peu compliqué. En fait, pas du tout ;). Si vous habitez le voisinage d’un pin, vous aurez remarqué qu’au printemps il porte des sortes de chandelles : ce sont en fait les inflorescences mâles*, dont le pollen va polliniser les pommes de pin femelles.
*Terme botaniquement erroné, car les conifères ne font pas de fleurs. Mais ça c’est une autre histoire…

Riches en pollen, ces inflorescences peuvent être mises en bocaux avec du sucre pour faire un sirop (voir plus haut). Si le liquide que l’on en retire est délicieux, il ne faudra pas miser sur la quantité ;). En revanche, après filtration du sirop, on peut mettre les inflorescences à déshydrater puis les passer au robot mixeur. On obtient une pâte aux notes balsamiques, riche en résine, à prendre une à plusieurs fois par jour, en petites quantités.
La résine
Les propriétés des résines des arbres sont connues depuis fort longtemps. Elles sont généralement anti-inflammatoires et antiseptiques. Normal me direz-vous, car leur rôle est de protéger les ligneux des attaques microbiennes et pathogènes lors d’une blessure. Cette propriété a d’ailleurs donné lieu à la récolte de la résine du pin maritime (Pinus pinaster) dans les Landes, ou encore à la récolte de la résine des épicéas dans les Vosges.

Sans rentrer dans un procédé complexe de récolte, il est facile de profiter de ses propriétés en ramassant les petites perles de résine que l’on trouve sur les troncs. Manger une perle chaque jour pendant une semaine boosterait considérablement le système immunitaire.
Une balade en forêt
Si vous ne vous sentez pas de procéder à l’une des préparations décrites ci-dessus, sachez qu’il est une manière toute simple de bénéficier des propriétés des conifères (et de tout végétal en général) : la balade en forêt ou dans un milieu à dominance végétale.

Il a en effet été démontré que les végétaux produisent des phytoncides : des composés organiques volatiles antimicrobiens émis dans l’air par les plantes. Etant donné que ces composés sont volatiles, nous les inhalons lors d’un contact rapproché avec les végétaux, comme lors d’une balade en pleine nature. Or ils ont la propriété de stimuler les cellules de notre système immunitaire, grâce à la production de cellules NK (Natural Killer)*. Plus on passe de temps immergé dans la nature (comme lors d’une balade en forêt), plus on produit de cellules NK…
*Li Q, Kobayashi M, Inagaki H, Hirata Y, Li YJ, Hirata K, Shimizu T, Suzuki H, Katsumata M, Wakayama Y, Kawada T, Ohira T, Matsui N, Kagawa T. “A day trip to a forest park increases human natural killer activity and the expression of anti-cancer proteins in male subjects”, J Biol Regul Homeost Agents. 2010 Apr-Jun;24(2):157-65.
Pour apprendre à identifier les végétaux et à les utiliser, vous pouvez suivre l’un des stages que je propose sur le terrain et en atelier cuisine : c’est ici !