La cueillette des cynorhodons, c’est un des grands moments de l’automne, surtout ici dans l’Oisans ! Dans cette région en pleine déprise agricole depuis l’essor des stations de ski, les églantiers abondent sur les versants ensoleillés, et d’habitude je fais de nombreuses escapades avec mon amie Françoise tout au long des mois de novembre et décembre pour faire le plein de ce précieux petit fruit sauvage. Cette fois pourtant, la cueillette s’annonce bien moins facile que les années précédentes… A la longue liste de tout ce qui est allé de travers en 2020, je me vois contrainte d’ajouter la récolte des cynorhodons !
Pour commencer, malgré l’abondance naturelle de ce sympathique arbrisseau, avec le confinement, mon territoire de cueillette se réduit à… 1 km autour de chez moi :(. Et comme si cela ne suffisait pas, voilà que cette année, la météo nous joue de sacrés tours. Depuis que j’habite à Auris, c’est la première fois que les cynorhodons ne sont pas encore assez mous en novembre pour les cueillir !

Eh oui, car si les cynorhodons mûrissent à la fin de l’été, il faut attendre que les gelées les aient ramollis pour les cueillir. Non seulement cela rend le poil à gratter inoffensif, mais en plus le gel leur permet de développer une très agréable saveur sucrée. Au bout de quelques semaines de gel et dégel, ils finissent par avoir un goût et une texture proches de ceux d’une pâte de fruits, et peuvent même être dégustés directement sur l’églantier :).
Cette année pourtant, la douceur inhabituelle de l’automne n’a pas encore permis aux cynorhodons de terminer leur maturation, et chaque jour j’observe ma potentielle cueillette diminuer, avec les fruits qui tombent au sol alors qu’ils sont encore durs ! Alors voilà, j’ai décidé de cesser d’attendre que ces précieux fruits veuillent bien ramollir, et j’ai commencé ma cueillette de cynorhodons bien rouges… et encore durs pour la plupart d’entre eux.

Mais pourquoi est-ce que cette cueillette me tient tant à cœur ? Parce que le cynorhodon, c’est un véritable cadeau de la nature ! Sur le plan culinaire, les fruits de l’églantier (et donc ceux des rosiers également) sont un vrai régal : ils peuvent se cuisiner de multiples manières, dans des plats crus, cuits, sucrés ou salés. D’un point de vue nutritif, ce sont d’incontournables compagnons de l’hiver, grâce à leur richesse en vitamine C : un cynorhodon contient en moyenne autant de vitamine C qu’une orange ou un citron. Ils renferment également beaucoup de vitamine A et des acides gras. Et si une telle richesse leur confère évidemment des vertus toniques et immunostimulantes, ils possèdent bien d’autres trésors, comme par exemple leurs propriétés anti-inflammatoires.

Heureusement pour les cueilleurs, le congélateur peut remplacer le gel naturel : la plupart des cynorhodons cueillis aujourd’hui sera donc congelée ; toutefois, ceux qui sont déjà mous resteront à l’air libre. Peu à peu, au fil des semaines, ils vont sécher, et je vais pouvoir les conserver pour préparer quelques tisanes bienfaisantes au cours de l’hiver. Même s’ils perdront un peu de vitamine C en cours de séchage, leur richesse est telle, qu’il en restera tout de même une partie lorsque je les utiliserai ! Et comme la vitamine C est assez résistante à la cuisson (il en reste environ 80 % après 80 mn d’ébullition) et qu’elle est hydrosoluble, elle pourra facilement enrichir l’eau des tisanes, d’autant que chez les cynorhodons, elle est majoritairement stockée dans la peau.

Quant aux cynorhodons qui auront séjourné au congélateur, ils exprimeront tout leur potentiel dans des boissons toniques, des soupes revigorantes, des « sauces tomates » locales et des préparations pour petits-déjeuners vitaminés ! Mmmmh, vivement l’hiver :D.
Et pour en savoir plus sur la cuisine des cynorhodons, et découvrir des classiques comme des recettes inédites, pensez à Je cuisine l’églantine !