Si vous vous êtes déjà promené en montagne, vous avez certainement croisé quelques sapins sur votre route… Attention, je parle bien de sapin (Abies alba), et pas d’épicéa (Picea abies), couramment nommé sapin. Pas très simple d’y voir clair entre ces deux résineux à aiguilles, que l’on appelle de la même manière alors que ce sont deux espèces différentes !

Heureusement, il est un détail qui nous donne un précieux indice et qui réside dans l’une des multiples appellations couramment ou localement données au sapin. Alors que certains le nomment sapin-et-c-est-tout, pour d’autres c’est un sapin commun (je ne suis pas sûre qu’il apprécie beaucoup d’être qualifié de “commun” 🙁 ), un sapin argenté, un sapin des Vosges, un sapin blanc (la transcription littérale de son nom scientifique), ou encore… un sapin pectiné ! La liste n’est pas exhaustive, ce vénérable conifère connaît encore d’autres douces appellations suivant les régions…
Pourquoi “pectiné” ? A première vue on pourrait penser qu’il y a un lien avec la pectine, une substance d’origine végétale, que l’on trouve dans certains fruits et légumes, et parfois utilisée en cuisine pour aider les confitures et gelées à gélifier. Je ne vais pas développer ici les propriétés et qualités de la pectine, parce que le sapin pectiné n’a absolument rien à voir avec les confitures ! Quoique, à mon avis, on doit pouvoir faire de bonnes gelées au sapin 😉 .

En fait il faut chercher la signification de cette expression ailleurs, par exemple chez Larousse, qui nous informe que pectiné “se dit de tout organe portant sur ses côtés des lamelles fines et serrées, disposées comme les dents d’un peigne”. Or les rameaux de sapin ont justement la particularité de présenter des aiguilles plates, arrondies à leur sommet, et disposées de chaque côté du rameau, comme les dents d’un peigne à double rangée : l’appellation “sapin pectiné” vient donc des rameaux pectinés, dont l’organisation a donné son nom à l’arbre :).
Cela permet très facilement de le distinguer de l’épicéa, dont je vous parlais en début d’article, qui lui, se trouve avoir des aiguilles plus ou moins quadrangulaires, disposées en goupillon autour du rameau : on ne trouvera donc jamais un épicéa pectiné !

Les aiguilles du sapin sont de plus dotées de deux lignes blanches sur la face inférieure, ce qui permet de distinguer le sapin de l’if (Taxus baccata), dont les aiguilles, plates et disposées de part et d’autre du rameau, sont pointues et de couleur vert jaunâtre sur la face inférieure. Cette différenciation est INDISPENSABLE avant toute cueillette, l’if étant toxique mortel à faible dose.
Une fois que l’on est certain de les différencier, on peut entamer une merveilleuse aventure culinaire, tant le sapin se prête à des utilisations diverses en cuisine !

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